26 septembre 2025
L’Usine a ouvert ses portes en 1989. Trente-cinq ans après, elle demeure l’un des plus grands centres culturels de Suisse romande et un lieu emblématique de la culture alternative en Europe. Chaque semaine, plusieurs milliers de personnes fréquentent cette entité et les lieux qui la composent : trois salles de concerts (Le Rez - géré par Post Tenebras Rock et Kalvingrad), Le Zoo et Le Kauri ; six ateliers (Archicouture - couture, Azzuro Matto - photographie, Le Cheveu sur la soupe - coiffure, Crache Papier - sérigraphie, L’Atelier - bibliothèque et espace militant, Reklam/LaDiff - imprimerie et diffusion ; un espace d’art contemporain (Forde) ; un disquaire et label (Urgence Disk), une radio (RadioUsine), un cinéma (Le Spoutnik), deux studios d’enregistrement (Forces Motrices et Coffre-fort) et un théâtre (le TU). L’Usine partage également ses espaces avec les ateliers du Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) ainsi qu’avec l’association Autrement Aujourd’hui, qui propose des activités artistiques et ludiques pour des personnes en situation de handicap.
Depuis 2018, L’Usine est confrontée à une présence accrue de personnes impliquées dans le trafic de drogue à ses abords. Après la réouverture post-COVID, la situation s’est encore aggravée, avec l’arrivée de nouveaux réseaux, et, dès l’été 2023, l’occupation des cages d’escaliers du bâtiment. Face à ce contexte, L’Usine a dû mettre en place, dès l’automne 2023, un dispositif de veilles internes. Leur rôle : garantir la sécurité des sorties de secours, informer et accompagner les publics, maintenir la cohabitation entre les entités et éviter l’installation de campements à l’intérieur du bâtiment. D’abord entièrement autofinancé, ce dispositif a ensuite fait l’objet d’un soutien financier par la Ville de Genève. Construit en concertation avec des travailleur·euse·x·s sociales, il repose sur la médiation, la recherche d’un dialogue apaisé afin d’amener les personnes occupant le bâtiment à quitter les lieux. Mais son coût est élevé, et L’Usine, en tant que lieu culturel, n’a pas les moyens d’endosser des missions sociales ; elle n’a pas non plus la vocation d’assumer des actions sécuritaires.
Les récents évènements révèlent l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Nos équipes ont dû intervenir pour mettre en sécurité les victimes et protéger les publics. Leur réactivité et leur engagement sont à saluer, mais ces faits prouvent l’aggravation préoccupante de la situation dans le quartier. Ces problèmes ne sont pas une question de sécurité isolée : ce sont les conséquences directes de politiques de santé publique, sociales et migratoires défaillantes de la Ville, du Canton et de l’État. Ces manquements génèrent des situations d’extrême précarité qui engendrent des cycles de violences dont notre centre culturel fait aujourd’hui les frais. La réponse actuelle des autorités de part l’absence d’accompagnement social volontariste, ne fait qu’alimenter la précarité, la violence et les tensions.
Les veilles mises en place par L’Usine sont toujours guidées par nos valeurs, et face à cette situation, notre priorité se concentre sur le maintien du dialogue et la sécurité de toutes les personnes présentes dans le bâtiment. Mais nous rappelons avec force que ce n’est pas notre rôle. L’Usine est un lieu culturel, et non une structure sociale ou sécuritaire. Nous refusons de subir les conséquences de choix politiques qui nient les problèmes sociaux générés par la consommation et le trafic de drogue et concentrent géographiquement les phénomènes de précarisation sans jamais les résoudre.
Nous appelons nos représentant·e·x·s politiques à prendre leurs responsabilités et à engager rapidement des actions concrètes pour accompagner l’ensemble des acteur·ice·x·s du quartier afin de restaurer un